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Bail d'habitation : le congé pour reprise considéré comme frauduleux
Aperçu de congés frauduleux selon la jurisprudence :
- une occupation de six mois avant la remise en location du bien : Cour d'appel de Toulouse, 3e ch., 18 avr. 2018 : JurisData n° 2018-008623 ;
- le congé délivré pour reprise personnelle du bailleur employé, à la date du congé, à plus de 900 km du logement objet de la reprise : CA Douai, 8e ch., sect. 4, 31 janv. 2019 : JurisData n° 2019-000971 ;
- le congé pour reprise au profit du fils du bailleur qui ont, en quelques mois, d'abord accepté le maintien dans les lieux du preneur, puis ont mis en vente le logement pour finalement le relouer, CA Paris, pôle 4, ch. 4, 13 avr. 2021 : JurisData n° 2021-006208 ;
- le congé délivré avec la simple mention que le bailleur doit quitter son logement sans autre motivation, ce qui ne permet pas d'apprécier le caractère réel et sérieux du motif de la reprise : CA Nîmes, 2e ch. civ., sect. A, 22 nov. 2018 : JurisData n° 2018-025767.
En conclusion, il convient d’être particulièrement vigilant au moment de la rédaction du congé pour reprise.
En effet, le congé frauduleux peut donner lieu à des sanctions.
Tout d'abord à une sanction civile : le juge pourra prononcer la nullité du congé et la reconduction du bail à échéance.
Ensuite, le bailleur s'expose à une sanction pénale (instaurée par la loi ALUR) de 6.000 euros pour les personnes physiques et 30.000 euros pour les personnes morales.
Délai pour quitter les lieux de l'occupant dont l'expulsion a été judiciairement ordonnée : Article L. 412-4 du Code des procédures civiles d'exécution issu de la loi n° 2023-668 du 27 juillet 2023
Avant la loi du 27 juillet 2023, il était possible de solliciter devant le juge un délai allant jusqu'à 2 ans pour quitter les lieux chaque fois que le relogement des intéressés ne peut avoir lieu dans des conditions normales.
Avec cette nouvelle loi, les délais ont été réduits et ne peuvent être inférieurs à un mois ni supérieurs à un an.
La Cour d'appel d'Aix-en-Provence est venue préciser que la loi est d'application immédiate aux instances en cours.
CA Aix-en-Provence, 1re et 9e ch. réunies, 25 janv. 2024, n° 23/01334 : JurisData 2024-001616